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MOI, Jean Louis FABRE, la grenouille qui rêvait de devenir aussi grande que la baleine !

 

 

« Je suis vigneron et j’ai une baleine »
 

 

 

En 1952, alors qu’il était enfant, il découvre un os de baleine, 37 ans après, au même endroit, sa baleine revient mourir ! Un rorqual échoué le 22/11/1989 à Port la Nouvelle !En 1989, année agricole déplorable pour lui, sa plus petite récolte de tous les temps, il remercie le Seigneur de le reconnaître petit d’entre les petits.

Signe du destin ? Force de l’intérieur ?
 

Le ciel lui envoie une baleine !

Aussitôt, il solutionne l’immédiat et dessine le futur.

Dans ses vignes où le doute et l’incertitude sont toujours présents, la découpe de cette baleine lui semble d’une logique facilitée.

En la découpant, il ne découvre pas l’intérieur de la baleine, mais le sien.

Comme dans la genèse, il y eut un sixième jour, celui où elle ressuscite ! « Je me sens protégé, très protégé !? »

Il reconnaît qu’égoïste, il ne s’est jamais investi dans le bénévolat du milieu associatif.

Aujourd’hui, il en comprend toute la richesse à la vue des enfants devant sa baleine.

A travers ce squelette inerte, il leur donne la clef qui peut leur permettre d’ouvrir d’autres horizons.

Parlant du dédain de certains, il dit avec humour :

« On a plus de chance d’avoir un public en montrant un lapin blanc, si le repas offert est copieux, qu’avec comme attrait une baleine sans apéritif !Faire plaisir à ceux qu’on aime, ça fait plaisir, mais emmerder les autres, çà double le plaisir »
 

 

A la question mille fois posée :

« Comment ce squelette a-t-il pu s’échouer ainsi au milieu des barriques de vin ? »

Il répond :

« Quand on a la foi tout devient simple, on se sent guidé, dirigé ! Là où je vais, je sais comment j’y vais, ma bonne étoile me guide et les journalistes font partie de cette constellation.

 

La merveille que je viens de réaliser me fait penser à mes petits têtards de mon enfance, toujours dans ma tête, mais avec cette baleine en plus ! » Il se reconnaît comme un homme mur, râleur, jamais content, toujours empreint de sa soif juvénile. Il ne lui manque plus qu’une chose, c’est de s’aimer lui-même. Je ne sais si un jour cela lui arrivera ?D’un discours technique, mécanique, il est passé à une philosophie de vie.Homme respectueux de ces racines, le spirituel a pris le pas sur le matériel. Je le cite :« Le confort dépend de la culture, mais le bonheur dépend de l’éducation.Tout est merveilleusement monté comme une horloge, mais en plus d’étudier son mécanisme, il faut chercher à connaître l’horloger et à l’atteindre ! (Allusion à son prof de sciences naturelles).En récupérant la baleine, je fais renaître l’esprit de tous ces gens de mon village de Lézignan Corbières, de toutes conditions, qui ont bercé mon enfance.Ma baleine symbolise mon combat à l’image du grand Geronimo qui préférait rester maigre en chassant lui-même. A sa différence, l’esprit de mes ancêtres m’a envoyé cette baleine en pied de nez à tous ces richissimes producteurs avides de modernisme ». Il n’est jamais seul, les êtres aimés disparus sont toujours avec lui :« Quand j’ai ramené le crâne de la baleine au Domaine devant la maison, naturellement j’ai arrêté le tracteur et la remorque en dessous du balcon dans l’axe précis, au millimètre près, le museau de l’animal pointait vers la porte fenêtre comme une offrande … les minutes sont passées, longues, interminables, la porte est restée immobile, silencieuse pendant un moment. Adulte naïf, j’ai cru que le rêve pouvait se réaliser.J’avais une baleine, pour moi c’était miraculeux, pourquoi mes parents, mes grands-parents ne m’ouvriraient-ils pas la porte pour admirer ce que le petit avait amené pour eux ? Quelle joie d’enfant d’amener des fleurs pour la fête des mères ! Maintenant, plus grand, pour faire plaisir par amour, j’amenais une baleine.Mais là, personne ne m’ouvrit la porte, et donc pendant plus d’une heure, face contre terre, je me suis vidé de toutes mes larmes.La porte-fenêtre reste toujours fermée, mais je sais qu’un jour, c’est moi qui ouvrirais la porte pour les rejoindre ! » La passion et l’amour sont les maîtres mots de son Domaine. Il n’existe pas de livre d’or à l’attention des visiteurs. Simplement, comme il le dit souvent, il a gardé une âme d’enfant, cette âme qui l’amène à rêver de l’impossible ! « Traverser Paris, comme l’ont fait Bourvil et De Funès, mais avec ma baleine, en guise de cochon, dans ma valise ! »
 

 

Sur une idée de Marc Eychenne, avec l’aimable autorisation de Jean Louis Fabre, en souvenir d’une rencontre mémorable le 14 juin 2008 au Café de la Gare, chez « Lulu » à Lézignan Corbières.